George de la Tour, un mystère caravagesque

George de la Tour est un artiste français du XVIIème siècle pendant longtemps oublié. Son histoire est aussi mystérieuse que sa peinture qui porte un caractère reconnu comme caravagesque, ce qui nous intéresse ici. Pour m’entretenir sur cet artiste je vais d’abord m’appuyer sur l’article de Robert Fohr sur le site Encyclopédia Universalis. Décrit comme un artiste dont les œuvres sont peu nombreuses l’auteur en fait une biographie plutôt succincte.

L’artiste d’origine lorraine va rester une bonne partie de sa vie dans sa région natale. Sa vie n’est hélas pas bien connue et seulement des fragments permettent de reconstituer sa production artistique. On ne connait donc pas le maître à l’origine de sa formation artistique. De nombreux incidents mettront dans sa vie des obstacles à son succès. En effet, en 1638 sa ville de résidence Lunéville est incendiée, cela faisant suite aux dommages collatéraux de la guerre de Trente Ans. Cet incendie emportera avec elle une bonne partie de l’œuvre de l’artiste. Cependant des mentions de son nom comme peintre officiel du roi sont retrouvées et indique sa reconnaissance auprès de la cour. Le roi régnant Henri II étant fervent admirateur du Caravage commande à De la Tour des sujets similaires.

Les œuvres de la première partie de sa carrière sont considérés comme d’inspiration caravagesque. D’après l’auteur de l’article les sujets, l’inspiration réaliste et le cadrage des figures s’inscrivent ainsi dans le courant du peintre italien. George de la Tour est souvent décrit comme un peintre de « nuit » c’est-à-dire de scènes éclairées par une source lumineuse visible dans le tableau, autrement appelé luminisme. Au contraire dans les œuvres du Caravage, la source lumineuse est absente de la peinture. De la Tour s’inspire également dans ses œuvres de donner « aux êtres et aux choses les plus humbles une dimension spirituelle et inversement de trouver dans la réalité la plus prosaïque les motifs d’un art profondément religieux ».

Georges de La ToursDans l’œuvre de la Madeleine au miroir que nous avons choisi pour représenter notre blog, on peut y voir tout une dimension mystérieuse résultant de la lumière provenant de derrière le crâne. On peut voir qu’il s’agit d’une bougie pourtant nous ne sommes pas autorisés à la voir en entier ce qui renforce le mystère de cette toile luministe. Cette production d’œuvre relative aux « nuits » est à rattacher à la mode qui se développe dans les années 1630 partant probablement de Paris. De nombreux artistes européens faisaient le voyage en Italie et il est possible que George de la Tour en est fait partie ou qu’il est rencontré des participants. Tout est-il qu’il avait connaissance des styles contemporains et qu’il a su s’en inspirer.

Assez réputé à son époque, l’artiste semble avoir été oublié et la majorité de ses œuvres furent dispersées, perdues ou attribuées à d’autres artistes de la même période. Comme Hendrick Terbrugghen ou Gerrit van Honthorst qui sont des maîtres de la peinture hollandaises et dont la technique se rapproche de celle du maître français. Récemment et grâce à plusieurs historiens qui s’intéressent à son œuvre, des tableaux lui ont été réattribuées et on peut ainsi percevoir l’étendue de son travail sur la lumière qui l’avait fait connaitre au XVIIème siècle.