Le Ténébrisme

Aujourd’hui je vais expliquer la notion de ténébrisme ou tenebroso en italien. Ce style de peinture met en lien le Caravage et les différents artistes que nous présentons sur ce blog comme George de la Tour ou Rembrandt. Pour cette définition je vais m’appuyer sur le site Encyclopédia Universalis et Art Data Base qui formule une idée synthétique du ténébrisme. Ce style de peinture n’est pas une invention caravagesque et était déjà employé dans la peinture italienne et dans les pays du nord. Pourtant c’est Le Caravage qui a rendu plus courant la pratique du ténébrisme au cours du XVIIème siècle.

C’est avec l’utilisation de celui-ci sur des tableaux vendus à des prix élevés que de nombreux artistes suivront sa voie.  Cette pratique se défini par l’utilisation d’une lumière directe et qui produit ainsi des effets contrastés avec les zones non éclairées qui dominent et servent de fond. Les formes ressortent grâce à l’utilisation de la lumière qui crée une nouvelle manière de représenter les contours. Les natures mortes en ressortent plus lumineuses avec un fond obscur. Les couleurs sont peu travaillées et restent dans les tons chauds.

The supper at Emmaus *oil on paper on panel *39 x 42 cm *circa 1628 *signed b.r.: R  (indistinct)

Rembrandt, Les pèlerins d’Emmaüs, vers 1628

Le Caravage s’en sert comme façon de montrer une certaine symbolique dans ses toiles. Rembrandt en fait aussi une utilisation évocatrice comme par exemple dans sa toile Les Pèlerins d’Emmaüs conservé au musée Jacquemart-André. On peut voir la figure du Christ apparaissant ou disparaissant mais dans une auréole de lumière qui suggère une force divine. Cette lumière se disperse autour du Christ et sa source et également dissimulée mais pourtant renforce l’expression d’étonnement du personnage central. D’après Jean-Pierre Mouilleseaux, « La beauté ne correspond plus aux formes idéales de l’humanisme, de même que les ténèbres appellent une spiritualité nouvelle qui s’affirme au moment de la Contre-Réforme. » Au XVIIème siècle, la lumière est souvent mise au service de la peinture religieuse, et on assimile facilement les personnages divins à la lumière.

 

Dans l’article sur le Ténébrisme d’universalis, l’auteur se penche sur la dimension spirituelle de ce style. Le Caravage se servirait de la lumière comme « instrument de la spiritualité ». L’artiste ferait ressortir, de sujet de la vie quotidienne, une dimension mystique grâce aux contrastes de la lumière. Cette exploitation de la lumière dans la peinture arrive à faire disparaître une forme de matérialité pour faire apparaître les formes qui restent ouvertes à l’imagination du spectateur. Quelques peintres italiens se sont inspirés du travail du Caravage pour peindre des sujets religieux comme Orazio Gentileschi. Ce mouvement entraîna de nombreux peintres et la dernière génération de suiveurs se tiendra dans les années 1620 et 1630 avec Vouet ou Valentin en France. Nous pouvons aussi noter des artistes hollandais, l’école d’Utrecht et des artistes espagnols. Pourtant ces peintures espagnoles ne seraient pas dans la lignée du travail du Caravage surtout ce qui concerne la recherche de mysticité. Velasquez ou Zurbaran auront cette manière de sublimer des natures mortes pour leur offrir une portée symbolique.